L'excellence pour 1800 €

Aïe, j'ai bien peur de me laisser vivre. Les brioches, les confitures... Serais-je en train de m'engluer dans le sucre ? Non, non, je suis Edouard le mouton noir ! Il est temps de me ressaisir et de vous faire partager un petit accès d'indignation suscité par un article (pas récent il est vrai) du Monde. C'est Vlady, le mouton de Marie (Antoinette), qui va être content de voir que je lis le Monde...
LE MONDE | 22.04.09 | 10h11 • Mis à jour le 23.04.09 | 08h16
La chance de Christian Machens, ce n'est pas la France. Ce sont les Français. Prenez son appartement, un 50 m2 rue de la Glacière, dans le 13e arrondissement de Paris, avec petit balcon et vue sur les arbres d'une cour-jardin : si le propriétaire n'avait pas été professeur de physique, c'est-à-dire un scientifique comme Christian Machens, sans doute aurait-il refusé de louer au chercheur allemand. Le loyer - 1 300 euros par mois - engloutit la presque totalité du
salaire du natif de Münster.
Heureusement, la compagne de Christian Machens, Magdalena (prénom d'emprunt), étrangère et chercheuse elle aussi, travaille dans une fondation privée ; elle est en contrat à durée déterminée (CDD) d'un an renouvelable, mais gagne plus d'argent que lui. Le propriétaire de la rue de la Glacière s'est laissé attendrir.
Ce n'est pas le cas des représentants du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche. La demande de "reclassement" du scientifique d'outre-Rhin a été refusée. Maître de conférences à l'Ecole nationale supérieure (ENS) de la rue d'Ulm depuis septembre 2007, Christian aurait voulu voir reconnues, financièrement parlant, ses dix années d'expérience à l'étranger. Le ministère n'est pas d'accord. Echelon 1 il est, échelon 1 il reste ! Soit un salaire de
1 800 euros net par mois.
Que Christian Machens, âgé de 38 ans, soit une "grosse tête" dans son domaine - les neurosciences computationnelles, qui décrivent le fonctionnement cérébral avec des outils mathématiques et informatiques -, qu'il soit passé par les meilleurs labos du monde, notamment le Cold Spring Harbor Laboratory de New York, que les scientifiques français, via l'Agence nationale de la recherche (ANR), lui aient accordé une "chaire d'excellence", rien de tout cela n'a d'importance aux yeux de l'administration française.
"Les dernières fonctions que vous avez exercées (...) comme assistant professeur à l'université de Munich, qui relèvent de l'article 4 (...), ne peuvent être cumulés (sic) avec celle (sic) de Research Fellow aux Etats-Unis relevant de l'article 5", lui assène-t-on, fautes d'orthographe incluses, dans une lettre du 17 mars. "Impossible" aussi, lui indique-t-on, de prendre en compte ses quatre années de maître-assistant dans une université de Berlin, "puisque la continuité de vos services d'agent non titulaire de l'Etat a été interrompue par vos activités à l'étranger".
En clair : ce qui pourrait sembler, à l'aune du bon sens, un atout devient un handicap. "Moi qui ai un parcours plus simple - j'ai soutenu ma thèse en France et fait six mois de post-doc (stage consécutif à la thèse de doctorat) -, j'ai eu tout de suite un poste de maître de conférences et je suis à l'échelon 3, avec un salaire de 2 200 euros net", souligne un collègue français, Romain Brette, 31 ans, lui aussi spécialiste en neurosciences computationnelles à l'ENS.

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