Mets tes mains sur ton cul et fais l'avion
Le conseil scientifique d'un pôle de compétitivité a récemment assisté à la présentation de la "roadmap" de l'un des "axes stratégiques" dudit pôle. La réaction du conseil semble pouvoir se résumer en deux points principaux :
Premièrement, le conseil a débattu pendant vingt minutes environ d'une épineuse question de vocabulaire. Dans la série "ne dites pas... mais dites..." (par exemple : "ne dites pas l'Ile et Vilaine mais l'île pourrait être mieux", warf, warf) le conseil a estimé qu'il ne fallait pas dire "mise en oeuvre" mais "mise en forme" des matériaux. Pourtant, on ne compte plus les ouvrages techniques ou les modules universitaires qui parlent justement de mise en oeuvre. Au choix, vous pouvez ajouter derrière : "des matières plastiques", "des métaux", "des matériaux composites", etc. Un confrère s'étonnant de ce paradoxe, je me permis de lui répondre que sans doute les membres du conseil scientifique n'avaient pas lu ces livres.
Non moins remarquable est leur second point de vue sur la roadmap : "ça fait pas rêver" auraient-ils dit. Ce qui m'a ramené aussitôt à ce que j'entends dans ma propre structure : quand on planche devant un "CODIR" voire un "COMEX", il faut le faire rêver : c'est la principale consigne en vigueur.
Tous ces messieurs (les dames sont rares dans ces instances) en costumes coûteux et voitures allemandes haut de gamme me font penser à des enfants trop gâtés à Noël. Ils s'ennuient dans leurs bureaux moquettés et climatisés. On ne sait plus comment les intéresser. Au-delà de 180 secondes passées à vous écouter, ils consultent fébrilement leur smartphone dernière génération. Souvent, je me demande s'ils savent encore lire : leur envoyer un compte-rendu de plus d'une page est tout simplement impensable.
Comment fait-on rêver des enfants gâtés qui s'ennuient ? Je réfléchis et tout ce qui me vient à l'esprit c'est la boutade un tantinet grossière que m'avait rapportée une Maman dont le fils lui disait un jour s'ennuyer "mets tes mains sur ton cul et fais l'avion".
Premièrement, le conseil a débattu pendant vingt minutes environ d'une épineuse question de vocabulaire. Dans la série "ne dites pas... mais dites..." (par exemple : "ne dites pas l'Ile et Vilaine mais l'île pourrait être mieux", warf, warf) le conseil a estimé qu'il ne fallait pas dire "mise en oeuvre" mais "mise en forme" des matériaux. Pourtant, on ne compte plus les ouvrages techniques ou les modules universitaires qui parlent justement de mise en oeuvre. Au choix, vous pouvez ajouter derrière : "des matières plastiques", "des métaux", "des matériaux composites", etc. Un confrère s'étonnant de ce paradoxe, je me permis de lui répondre que sans doute les membres du conseil scientifique n'avaient pas lu ces livres.
Non moins remarquable est leur second point de vue sur la roadmap : "ça fait pas rêver" auraient-ils dit. Ce qui m'a ramené aussitôt à ce que j'entends dans ma propre structure : quand on planche devant un "CODIR" voire un "COMEX", il faut le faire rêver : c'est la principale consigne en vigueur.
Tous ces messieurs (les dames sont rares dans ces instances) en costumes coûteux et voitures allemandes haut de gamme me font penser à des enfants trop gâtés à Noël. Ils s'ennuient dans leurs bureaux moquettés et climatisés. On ne sait plus comment les intéresser. Au-delà de 180 secondes passées à vous écouter, ils consultent fébrilement leur smartphone dernière génération. Souvent, je me demande s'ils savent encore lire : leur envoyer un compte-rendu de plus d'une page est tout simplement impensable.
Comment fait-on rêver des enfants gâtés qui s'ennuient ? Je réfléchis et tout ce qui me vient à l'esprit c'est la boutade un tantinet grossière que m'avait rapportée une Maman dont le fils lui disait un jour s'ennuyer "mets tes mains sur ton cul et fais l'avion".
Commentaires
Enregistrer un commentaire