Un chien avec un chapeau

J'ai connu une jeune femme qui, pour qualifier les personnes au contact facile, employait cette expression délicieuse "oh celui-ci, il dirait bonjour à un chien avec un chapeau". C'est joli, vous ne trouvez pas ? Je me demande si je ne serais pas un peu moi aussi du genre à dire bonjour à un chien avec un chapeau. Après tout, pourquoi snober les chiens -avec ou sans chapeau- quand on est un mouton ?
Ce matin donc, au rayon des arts de la table d'un grand magasin lyonnais, j'ai dit bonjour non pas à un chien mais à une pétillante dame rousse censée me renseigner sur la taille de nappe adaptée à ma table et nous avons causé un brin. J'aime bien discuter ainsi au hasard, juste parce que quelqu'un est aimable et a un franc sourire. Il est bien rare que je ne fasse pas dans ce cas une découverte intéressante. Là par exemple, la dame m'a confié que, pour peu que j'attende la semaine promotionnelle de mars, je pourrais faire une économie conséquente sur l'objet de ma convoitise. Mais il y a mieux : figurez-vous que cette dame, diplômée en ressources humaines et expérimentée en communication, a travaillé dans des sociétés industrielles qui m'intéressent actuellement, vécu dans de nombreux pays et s'occupe actuellement d'arts de la table dans un grand magasin par goût d'abord et pour se former à la vente ensuite...
Vous avez déjà discuté avec des vendeurs ou des commerçants ? C'est fou le nombre d'entre eux qui a fait plein d'autres métiers avant. Par exemple, l'épouse du traiteur était, avant de vendre des salades, responsable marketing dans un grand groupe pharmaceutique. J'en connais -mauvaises langues, va- qui diront que c'est un peu la même chose. La propriétaire d'une boutique de cosmétiques proche de la cathédrale de Clermont Ferrrand était fonctionnaire dans une vie antérieure...
Ce petit bout de conversation avec la dame rousse a illuminé ma journée. Je lui ai proposé de réfléchir à un projet commun, comme ça, en riant (puisque de la chimie à la cuisine, il n'y a qu'un pas dont je me demande souvent si je ne devrais pas le franchir). Mais j'ai mon invitation pour le SIRHA la semaine prochaine alors pourquoi ne pas y réfléchir autrement qu'en riant ?
J'ajouterai qu'en rentrant chez moi sous un soleil brillant mais glacé, je réfléchissais au discours dont on nous rebat les oreilles : les Français ont peur du changement, la société est trop rigide, il faut plus de flexibilité, notamment dans le travail... Mon oeil. L'expérience me montre bien souvent que c'est faux. Les Français s'adaptent. De toute façon, de plus en plus souvent, ils n'ont pas d'autre choix. Mais allez voir un banquier pour un prêt ou un agent immobilier pour un bail en lui disant : "et bien voilà j'étais fonctionnaire et là, je monte ma boutique" ou "j'étais dans le service communication du premier employeur privé de la région et je deviens vendeuse de grand magasin pour me former à la vente". Ensuite, venez me dire si le prêt ou le bail sont au rendez-vous On pourra toujours discuter un brin, avec ou sans chapeau.

Commentaires

  1. Exactement, on nous dit de nous bouger, mais la structure encourage à l'inertie et a peur du changement...
    En tout cas, c'est sur que de telles rencontres mettent de bonne humeur, redonnent confiance et (re)donnent des idées!

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