Pauvre petite fille riche

La semaine dernière, tout en déambulant dans les rues de Guérande à l'affût de quelque caramel au beurre salé, le loup m'annonça bille en tête qu'il voulait être noble. Après moult réflexion, le titre de Duc emporta sa préférence. Mais depuis que je lui ai fait lire cet article, trouvé sur le site du Monde, il veut être Duc ET sénateur :
Dans une lettre à Luc Chatel, Ministre de l'Education Nationale et à Patrick Gérard, Recteur d'académie de Paris, la sénatrice Europe écologie les Verts Alima Boumediene Thiery sollicite un rééxamen de la demande d'inscription en internat de son fils, refusée "sur critères sociaux".
Madame Boumediene-Thiery se dit "surprise d'apprendre que l'accès aux internats du service scolaire public relèvent de critères sociaux et que chacun n'ait pas un libre accès quels que soient ses revenus" .
Un postulat qui semble étonnant pour une élue de la République, membre de la commission des lois, le manque de place en internat n'étant pas précisément une situation nouvelle. Sénatrice de Paris, où elle réside, l'élue aurait par ailleurs pu savoir que les critères de placement en internat sont également géographiques.
Madame Boumediene-Thiery fait ensuite le point sur sa situation financière, dont elle estime qu'elle a été "mal évaluée". "Si mes revenus de sénatrice sont effectivement de l'ordre de 5000 euros, je reverse chaque mois 1200 euros au parti politique auquel j'appartiens", argue-t-elle. Elle évoque également "un crédit immobilier à hauteur de 1500 euros, frais auxquels s'ajoutent des charges fixes". Et conclut : "In fine je dois vivre avec près de 2000 euros et ainsi subvenir aux besoins de mon fils et de ma mère, qui est entièrement à ma charge."
La sénatrice est quelque peu approximative dans ses calculs. Un sénateur perçoit en effet une indemnité parlementaire "de base" de 5514 euros bruts, auxquels s'ajoutent une indemnité de résidence de 165 euros, et une indemnité de fonction de 1420 euros. L'indemnité nette est de 5405,76 euros par mois.
Mais ce n'est pas tout. Chaque sénateur perçoit en plus une indemnité représentative de frais de mandat (IRFM), destinée à "couvrir les frais inhérents à l'exercice des fonctions parlementaires", mais sans nécessité de fournir de justificatif. "Cette indemnité mensuelle s'élève à 6240,18 euros nets au 1er juillet 2011. Elle n'est pas soumise à l'impôt sur le revenu", peut-on lire sur le site du Sénat.
Madame Boumediene-Thiery dispose donc non de 5500 euros mensuels, comme elle l'affirme, mais bien d'un revenu de 11645,94 euros par mois.
Même en ôtant les 1200 euros qu'elle reverse à sa formation politique et les 1500 euros d'emprunt immobilier dont elle s'acquitte, il reste donc à la sénatrice 8945,94 euros mensuels et non 2000 euros. Ce qui paraît suffisant pour "subvenir aux besoins" de sa famille.
Par ailleurs, les sénateurs ne croulent pas sous les frais. Ils disposent ainsi d'un accès gratuit et illimité à l'ensemble du réseau SNCF, en première classe. Ils peuvent effectuer quarante allers-retours aériens par an si leur circonscription est éloignée de Paris. En outre, frais de taxi ou de péage leur sont remboursés. Ajoutons que le Sénat dispose d'un vaste parc de véhicules avec chauffeur.
Chaque élu de la Haute Assemblée peut aussi accéder à des prêts "d'aide au logement ou pour l'acquisition d'un local à usage de bureau ou de permanence, en région parisienne ou dans leur circonscription". Ceux-ci sont à un taux moyen de 2 %, précise le site du Sénat, soit largement moins que ce qu'offrent les banques. Ils ne cotisent pas à la sécurité sociale, mais à une caisse particulière aux sénateurs, qui fait également office de mutuelle. Ils cotisent également à leur propre régime de retraite. Toujours selon le site du Sénat, "la pension mensuelle moyenne de retraite d'un sénateur, hors majoration pour enfants, était au 1er juillet 2011 de 4442 euros nets".
La sénatrice termine sa lettre en évoquant la précarité de sa situation. "N'étant pas certaine d'être reconduite dans mon mandat sénatorial au mois de septembre, je risque de me retrouver sans revenus", explique-t-elle. Qu'elle se rassure : tout sénateur non réélu peut prétendre à une allocation d'aide au retour à l'emploi, versée de manière dégressive durant six semestres, donc trois ans. Si elle n'est pas réélue, Madame Boumediene-Thiery ne sera donc pas "sans revenus".
Comme on disait chez ma grand-mère, "la misère est pas toute chez les riches"...

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