Vous en reprendrez bien un petit peu ?

Dans la série "vous en reprendrez bien un petit peu", j'ai appelé aujourd'hui une recruteuse qui m'avait laissé un message sur mon compte Viadeo pour me proposer une "belle opportunité". Chez les recruteurs, les opportunités sont en effet toujours belles, tout comme le poisson est frais chez Ordralfabetix.
Oh je sais ce que vous pensez : "Quelle drôle d'idée, puisque maintenant tu as un job."
Sachez, vous qui ne l'avez pas (encore) vécu directement que tout CDI est désormais précaire et pensez également que je suis encore en période d'essai. Il n'y a pas de mal à tester son employabilité.
Il me faut admettre que cet appel m'a remémoré des souvenirs aussi cuisants que frais. On oublie vite qu'on a eu bien mal mais la plaie reste néanmoins vive...
En effet je suis une fois de plus "tombé" sur une voix de toute jeune femme. Encore une stagiaire ? Ou une étudiante en alternance ? Elle ânonnait péniblement les questions écrites sur sa petite feuille. Discours convenu, phrases saccadées et diction morne : il était impossible qu'elle improvisât (ça, je ne sais pas si c'est Français)...
Le poste consistait à s'enfermer dans un atelier en Lorraine en espérant un jour remplacer son chef. Tout cadre qui a cherché un poste s'est vu proposer ce genre de plan loose : attendre de prendre la place du chef... C'est comme acheter une maison en viager, en espérant la mort rapide du propriétaire. N'ayant pas de telles ambitions, j'ai indiqué que la perspective de m'enfermer cinq jours par semaine au même endroit ne m'intéressait nullement. C'est vrai quoi, au moins aujourd'hui je peux régulièrement échapper aux poubelles qui constituent l'horizon de mon bureau.