Napoléon est devenu optionnel

Après la récente suppression des épreuves de grec et de latin du concours du Capes de lettres classiques, c'est au tour d'une réforme des programmes d'histoire de faire grand bruit :
Au nom de "l'ouverture aux autres civilisations de notre monde", l’étude de la Révolution et de l’Empire fait place à celle des grands courants d’échanges commerciaux des XVIIIe et XIXe siècles, comprenant les traites négrières et l’esclavage. Le programme donne la possibilité de traiter la période de la Révolution uniquement jusqu’en 1799. Dans les faits, la majorité des professeurs pourra s’abstenir d’évoquer la période s’étalant de 1799 à 1815, le Consulat et l’Empire. Autre exemple : l’étude du règne de Louis XIV, qui constituait un temps fort du premier trimestre de quatrième est remplacé par un thème générique dont l’intitulé est "l'émergence du roi absolu". Le Roi Soleil est désormais renvoyé en cinquième -quel cancre-, aux alentours de la fin juin, après l’étude des civilisations africaines du Monomotapa et du Songhaï. Autant dire qu'en matière de soleil, les collégiens verront surtout briller celui du début des grandes vacances.
Pour certains historiens hostiles à cette évolution, on assiste là à une "véritable déconstruction nationale". La France serait de plus en plus tournée vers une seule lecture culpabilisante de son passé, multipliant les lois mémorielles. Les politiques "s'acharneraient à salir le pays pour plaire à leurs clientèles communautaires."
J'ignore s'il faut aller jusque là. Je suis par contre assez convaincu que le saupoudrage général actuel, résultant de l'incapacité de ceux qui nous pilotent à assumer des choix clairs (c'est-à-dire à prendre des risques) est le moyen le plus sûr de tirer tout le monde vers le bas.
Je serais pour ma part partisan de revenir aux fondamentaux. On me traitera de vilain mouton réactionnaire sans doute. Mais je crois assez à cette maxime de grand-mère qui dit que si l'on ne sait pas d'où l'on vient, on ne peut pas savoir où l'on va.
Au-delà du strict contenu des programmes, la question n'est-elle pas aussi de redonner aux élèves le goût de l'apprentissage (donc de l'effort) et d'éveiller leur curiosité ? Puisqu'il est illusoire de vouloir tout apprendre en classe, comment leur donner l'envie d'en savoir plus par eux-mêmes ?
Quant aux "questions budgétaires" qui justifient la suppression du latin et du grec en lettres classiques, elles me permettent de placer cette très belle phrase d'Abraham Lincoln :
Si vous trouvez que l'éducation coûte cher, essayez donc l'ignorance.

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