Les feux de l'amour, 2

A l'heure où j'écris ces lignes, le silence retombe à peine sur l'immeuble, enveloppant les derniers échos des sanglots de Brenda sur le palier. L'épisode de cette nuit a duré un peu plus de deux heures :
A une heure du matin, Brenda a sonné chez Brandon. Depuis que la copropriété a eu la bonne idée de remplacer un interphone qui fonctionnait parfaitement, la nouvelle sonnette des voisins -quels qu'ils soient- est parfaitement audible pour tout le palier.
A deux heures, c'était un bruit de tuyauterie. Comme vous le savez, Brandon avait confié la rénovation de son appartement à de joyeux drilles dont j'ignore toujours à quel syndicat professionnel ils étaient affiliés : charcutiers, illusionnistes, mages étrangers... Quoi qu'il en soit, j'entends merveilleusement désormais les bruits de sa salle de bain. Surtout la nuit.
Avant trois heures, les cris et les pleurs ont commencé.
Après trois heures, je me suis décidé à m'habiller quelque peu pour aller faire entendre un bêlement de protestation, vaguement inquiet de prendre un coup au passage tellement la situation semblait dramatique.
Je n'avais pas tort : Brandon (à demi nu lui aussi), me montrant sa lèvre coupée, m'a demandé de témoigner contre Brenda auprès de la police qu'il avait soi-disant appelée. J'ai répondu que je n'y voyais pas grand-chose, n'ayant pas mes lentilles. Oui je sais, c'est pas terrible comme argument mais c'est vrai. Ce qui l'est aussi c'est que j'avais cru entendre dans la dispute qu'elle l'avait frappé. Du moins s'en plaignait-il. J'ai ajouté, comme il insistait, que je n'étais témoin de rien du tout n'ayant pas vu ce qui s'était passé. (C'est vrai ça, si ça se trouve cet imbécile s'est mordu tout seul en boulottant des M&M's.)
Pendant ce temps, Brenda était plus ou moins par terre derrière lui, semblant rassembler ses affaires. Pour ses esprits, je crois que c'est définitivement perdu.
Revenu dans ma chambre, j'ai attrapé mon livre sur les Achats (j'en suis au second sur cinq empruntés). Ce n'est pas ce matin que j'irai courir sans doute... J'ai bien senti qu'il me faudrait plus que des SWOT et des bilans comptables pour m'apaiser. Je suis donc venu vous conter mon histoire et adresser une prière au Dieu de l'Amour (dont mon ami le Renard prétend qu'il existe) : puissé-je ne jamais me retrouver dans cette situation, quoi qu'il arrive. Au-delà du comique et du ridicule, elle est triste à faire peur l'histoire de Brandon et Brenda.

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