Mutante

Hier j'ai pris le train pour Paris. Dans mon champ de vision s'est installée une élégante dame blonde. En la regardant, je lui ai trouvé un visage curieux mais sans savoir pourquoi. Du coup, je l'avoue, je l'ai regardée plusieurs fois à la dérobée. Et soudain cela m'a sauté aux yeux : c'était un specimen de ce qu'on appelle "les nouvelles mutantes", adeptes de la médecine et de la chirurgie esthétiques. Ces yeux légèrement étirés. Ce nez si droit, si fin, si court qu'il en était trop petit par rapport à l'ensemble du visage. Cette bouche dessinée comme au laser. Ajoutez le cou qui lui était un tantinet trop détendu tout de même. Les doigts aux ongles french manucurés qui feuilletaient délicatement des journaux féminins. Le soda Taillefine bu à petites gorgées...
Cela avait un côté hypnotisant. Une fois la supercherie repérée, je ne voyais plus que cela et ne pouvais plus m'en détacher. Cette étrangeté qui saute aux yeux et déconcerte trahit précisément les signes du temps qu'elle prétend cacher.
Je ne saurais vous dire si elle était allée jusqu'à la reconstruction vaginale. Car oui, si vous l'ignoriez vous aussi, sachez que le "must have" ou en l'occurrence "must do" du moment c'est la reconstruction vaginale.
Cela m'a rappelé un auditeur d'Inter qui se déclarait récemment POUR la chirurgie esthétique, "parce que ça permet de repérer les connes".
Quant à moi je me suis demandé s'il fallait la trouver ridicule ou la plaindre.

Commentaires

  1. Déconstruction

    Ma chérie à soixante ans
    N'a pas subi l'injure du temps
    La peau fraiche de ses mains
    N'est pas semblable aux parchemins

    Mais au contraire sa taille leste
    Est en tout point un palimpseste
    Gratée pour qu'il ne reste rien
    De son très leger embonpoint

    Mais ce qui me fait perdre les pédales
    Est sa reconstruction vaginale
    Qui m'enserre si bien la verge
    Qu'elle s'effondre comme un cierge

    Que la flamme a trop chauffé
    Et a fini de consummer.
    Pour surligner notre harmonie
    Sur nos peaux nous avions écrit

    Nos deux prenoms entrelacés
    Dans un coeur sur nos fessiers
    Las malgré toutes nos précautions
    Le temps nous a roulé, ah le larron.

    Nous nous sommes fait retendre
    Toutes nos chairs les plus tendres
    Les chirurgiens ces gougnafiers
    Le coeur, nos prénoms, ils ont tout effacé

    Du parchemin, un palimpseste
    De nous plus rien ne reste
    Après nous avoir été opérés
    Plus moyens de nous retrouver

    Comment aurai-je reconnu
    Celle qui ne se ressemblait plus
    Dans cette vaste salle d'attente
    Où toutes étaient ressemblantes

    A des poupées de silicones
    Toutes de semblables connes.
    J'ai pris la première par la main
    En me disant, on verra bien.

    Mais de celle-ci la connerie
    N'est pas du tout en harmonie
    Avec la mienne, elle est méchante
    Et depuis mon coeur déchante

    Et depuis ce jour là je pleure
    Ma conne qui faisait mon bonheur
    Je pleure et je soupire
    Et ressasse mes souvenirs

    Toutes ces rides de mon esprit
    Dont j'ai enfin compris le prix
    La vie est ce temps passé
    Qu'il ne faut jamais renier.

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