D'où sortent-ils leurs putains de chiffres ?

C'est la question que me posait hier le loup, à la lecture d'un article de Capital qui commence ainsi :
Taux de chômage dérisoire, recrutements au beau fixe... Les résultats de l'enquête annuelle des Ingénieurs et Scientifiques de France a de quoi faire rêver. (Jolie faute au passage.)
Et cela continue par : Pour échapper à la crise, faites des études d'ingénieur. (...) Parmi les 30.000 diplômés l'an dernier, les trois-quarts avaient un job à la fin de leur cursus, la majorité avec un statut de cadre et dans une SSII. Côté rémunération, ils ne sont pas mal lotis non plus. Le salaire moyen s'élève à 67 191 euros brut annuel.
Passons sur le fait que l'on salue comme une performance le fait que 3/4 des ingénieurs aient un statut de cadre  à la fin de leur cursus. Je ne dirai rien non plus de l'exploit qui consiste à décrocher une place dans une SSII. Vous connaissez déjà, si vous me lisez de temps en temps, mon avis sur ces dernières... Venons-en à ce fabuleux chiffre de 67 191 € qui a poussé le loup à dire un gros mot.
Pour ma part, je lui avais répondu que, ce genre d'enquête se basant sur du déclaratif, je ne doutais pas que certains trichent sur leur salaire.
Voici ce qu'en dit fort justement mon amie Nadine, ingénieur en recherche d'emploi depuis trop longtemps :
Je pense que ce sont des déclarations et non des chiffres validés via les bulletins de salaires ou des données DRH. Donc c'est comme pour le sexe il y a des vantards.
J'ai déjeuné hier avec une amie donc le fils est en dernière année d'école d'ingénieur. Il part faire son année de césure, dont 6 mois dans une banque. Face à mon étonnement elle m'a expliqué que les bons en maths et en stats sont recrutés par les banques pour concevoir les algorithmes de trading et/ou de speed trading. Les jeunes en ont marre soit de galérer pour trouver un job mal payé, soit d'être obligé de s'expatrier comme la fille d'une autre copine, docteur en biologie et expat depuis un an au Québec.
Anne Lauvergeon était à peu près du même avis que ma copine Nadine la semaine dernière (pour ce que j'en ai écouté, avant de filer piteusement comme vous le savez). En gros, elle a rappelé que la France paie actuellement sa politique du "on conçoit, d'autres (les Chinois bien sûr) fabriqueront et on vendra !" Dans ce monde-là, les forts en maths n'ont plus qu'à faire des produits financiers. Mais voilà : on a oublié dans ce brillant raisonnement que ceux qui fabriquent conçoivent nécessairement un jour ou l'autre et on redécouvre aujourd'hui l'importance de l'industrie. Avec la crise, il faut revenir à un autre système.
En résumé, d'abord nous avons méprisé et démantelé notre industrie (comme je l'ai déjà dit ici, qui n'a pas entendu à la maison "si tu ne te travailles pas à l'école tu finiras à l'usine" ?), poussant les ouvriers au chômage et les ingénieurs dans les banques ou hors de nos frontières. Maintenant, nous faisons miroiter des salaires surréalistes alors même que les emplois n'ont pas encore été recréés...
Ou alors, si Capital dit vrai, il est urgent pour moi d'aller renégocier mon salaire avec ces putains de chiffre sous le bras !

Commentaires

  1. Ce n'est pas impossible que la moyenne fasse 67000 euros brut, mais c'est une moyenne entre des anciens plutôt bien payés et des jeunes dont les salaires d'embauches ont gelé pendant la crise.

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