La revue de presse du jour me donne des aigreurs... (clin d'oeil à mon ami Boul')

Ceux qui s'intéressent de près aujourd'hui au marché de l'emploi savent que le portrait type du candidat à succès, du moins dans la catégorie ingénieurs, est le suivant : "jeune diplômé expérimenté". Derrière cet oxymore se cache un individu qui a fait une "école cotée", qui a idéalement deux à cinq ans d'expérience et qui parle couramment l'anglais. Cette expérience, correspondant bien entendu pile-poil au contenu du poste à pourvoir (ou à ce que le recruteur en imagine, ce qui n'est pas du tout la même chose), permettra l'application immédiate de l'article 22 : "démerde-toi comme tu peux". Point trop besoin de former le nouveau. Et comme ladite expérience est réduite et bien... il ne coûtera pas cher. La plupart du temps il ne parlera pas l'anglais au bureau mais peu importe, c'est rassurant de savoir qu'il a eu 750 au TOEIC et, dans le cas d'une société de service, c'est vendeur auprès du client.
Sauf que la crise récente montre actuellement un effet délicieusement pervers qui fait ma joie : "pendant deux ans les groupes ont levé le pied sur les jeunes diplômés si bien qu'aujourd'hui les ingénieurs un peu expérimentés se font plus rares" déclare sans rire le directeur associé d'un cabinet de recrutement.
On récolte ce que l'on sème. Et ce sont sans doute les mêmes jardiniers très amateurs qui se gargarisent de colloques à deux balles sur la GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et Carrières), nouveau vocable en vue qu'il faut savoir associer à la fameuse "approche systémique" et autre "bonne gouvernance" dont nous avons déjà parlé ici.
Un peu plus loin dans ma revue de presse, un professeur de l'ESSEC analyse les clés du "miracle allemand". Ou plutôt, il s'interroge sur l'analyse qui en est faite de ce côté-ci du Rhin et s'étonne que personne ne se penche sur le système allemand de management.
Par exemple, dans une réunion en Allemagne, on écoute ceux qui parlent.
Il est vrai qu'en France, j'y renonce souvent tellement ceux qui parlent le font pour eux-mêmes et nous abreuvent d'un verbiage insipide dont nous ne savons ni quand il va finir, ni vers quoi il tend.
En Allemagne, les méthodes de résolution de problème passent par une revue de l'existant.
Cela s'appelle faire une bibliographie, tout Docteur doit savoir faire cela. Peut-être d'ailleurs est-ce aussi parce que leur formation leur a donné ces outils que les Docteurs ont bien meilleure réputation en Allemagne qu'en France ? Bien sûr au début c'est plus lent. Le Français moyen s'énerve. Mais à la fin la solution est évidente et robuste.
Quant au succès du Mittelstand, ces PME leaders sur des marchés de niche à forte valeur ajoutée (ouaaahhh, je sais dire un mot en Allemand), leurs dirigeants réunis en séminaire à Mannheim (très jolie ville) expliquent leur succès par l'attention portée aux employés, le temps passé à les former, l'effort consenti pour les garder même en temps de crise, l'attachement à la région, ... Toutes ces notions ici jugées "désuètes" par les chantres de la GPEC.

Commentaires

  1. Je suis loin d'avoir potassé ce que j'aurai à potasser sur le Lean Management, mais je crois que la fin sur "l'attention portée aux employés" y fait référence :)

    Ah tiens moi aussi je fais du verbiage :) (j'utilise des mots pseudo impressionnants)

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