Un monde s'efface...

Un monde s'efface. C'est bien un peu gênant car c'est du mien qu'il s'agit.
Tenez par exemple, un récent samedi j'entre dans une boutique à la recherche d'un article que j'avais vu quelques jours auparavant dans la vitrine et qui m'avait séduit. Ne le retrouvant pas en rayon, je m'adresse à une vendeuse et tente de le lui décrire. A cette fin, j'emploie le terme de "liquette". La jeune femme me regarde d'un oeil éteint et me demande "c'est quoi une liquette ?"
Suis-je si vieux ? Ou manque-t-elle de vocabulaire ?
Le lundi suivant, j'interroge trois collègues : l'un a vingt ans, le deuxième dans les trente et le dernier à peu près mon âge. Bien évidemment, seul celui-ci sait ce qu'est une liquette.
Quelques jours plus tard, le nez au vent dans mon quartier, je croise un couple d'amis et lui conte mon désarroi. Eux savent ce qu'est une liquette mais testent leurs enfants. La seconde, qui est en sixième, répond qu'une liquette c'est "un petit peu". Ceci nous prouve déjà qu'elle sait ce qu'est une "lichette". Je me sens mieux car c'est mignon et après tout c'est un début. (Je suis quasiment sûr que la vendeuse de fringues ne connaît pas plus les lichettes que les liquettes.)
Mais hier, patatras, je vais à la Bibliothèque Municipale faire renouveler mon abonnement. Au guichet voisin, le bibliothécaire demande à son interlocutrice "vous êtes majeure ?" Elle répond par l'affirmative mais j'en déduis qu'elle ne doit guère dépasser les vingt ans. Quelque minutes plus tard, il lui explique qu'elle pourra emprunter des CD, des DVD mais aussi des vinyles. Et elle de répondre "c'est quoi un vinyle ?"

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