Le couteau
Je suis fasciné par la façon dont le mouvement des indignés se propage et s'enracine dans l'actualité. Les avez-vous vus cet été en Espagne, cet automne à Londres et même à Wall Street ?
Le loup est moins surpris que moi. Sa théorie est que la résignation est liée au fait d'avoir encore quelque chose à perdre. Or de plus en plus de citoyens du monde ont de moins en moins à perdre. Alors ils disent que c'est bien joli tout ça mais que trop, c'est trop. Par "ça" j'entends notamment Dexia, renflouée à hauteur de 6 milliards de dollars par la France et la Belgique en 2008, récemment sortie haut la main d'un "stress test" et pourtant sur le flanc.
Ces citoyens qui n'ont plus rien à perdre, s'ils sont chômeurs, ils filent à Pôle Emploi prendre une directrice d'agence en otage comme je l'ai entendu ce matin.
On aurait tort de prendre ces mouvements à la légère, je crois. J'illustrerai mon propos avec cette très belle chanson de Théodore Botrel qui date du tout début du siècle précédent et que le groupe Mes souliers sont rouges a remise en musique il y a quelques années (http://www.youtube.com/watch?v=g-cq1gcXUcc). Elle montre bien que le problème n'est pas neuf. Que ceux qui ne veulent ni l'admettre ni le corriger ne s'étonnent pas un beau jour de se retrouver à la place de la miche de pain.
Au fond de votre grange.
Mon pauvre ami, la grange est pleine
Du blé de la moisson,
Donne-toi donc plutôt la peine
D'entrer dans la maison ! Mon bon Monsieur, je suis trop gueux,
Quel gâchis vous ferais-je !
Je suis pieds nus, sale et boueux
Et tout couvert de neige !
Mon pauvre ami, quitte bien vite
Tes hardes en lambeaux :
Pouille-moi ce tricot, de suite
Chausse-moi ces sabots !
De tant marcher à l'abandon
J'ai la gorge bien sèche,
Mon bon Monsieur, baillez-moi donc
Un grand verre d'eau fraîche!
L'eau ne vaut rien lorsque l'on tremble,
Le cidre... guère mieux :
Mon bon ami, trinquons ensemble,
Goûte moi ce vin vieux !
Mon bon Monsieur, on ne m'a rien
Jeté, le long des routes,
Je voudrais avec votre chien
Partager deux, trois croûtes !
Si depuis ce matin tu rôdes,
Tu dois être affamé
Voici du pain, des crêpes chaudes,
Voici du lard fumé !
Chassez du coin de votre feu
Ce rôdeur qui ne bouge.
Êtes-vous "Blanc" ? Etes-vous "Bleu" ?
Moi, je suis plutôt "Rouge" !
Qu'importent ces mots République,
Commune ou Royauté :
Ne mêlons pas la politique
Avec la charité !
Puis, le Métayer s'endormit,
La mi-nuit étant proche.
Alors, le vagabond sortit
Son couteau de sa poche.
L'ouvrit, le fit luire à la flamme,
Puis, se dressant soudain,
Il planta sa terrible lame
Dans... la miche de pain !
Au matin-jour le gueux s'en fut
Sans vouloir rien entendre
Oubliant son couteau pointu
Au milieu du Pain tendre:
Vous dormirez en paix, ô Riches !
Vous et vos capitaux,
Tant que les gueux auront des miches
Où planter leurs couteaux !
Le loup est moins surpris que moi. Sa théorie est que la résignation est liée au fait d'avoir encore quelque chose à perdre. Or de plus en plus de citoyens du monde ont de moins en moins à perdre. Alors ils disent que c'est bien joli tout ça mais que trop, c'est trop. Par "ça" j'entends notamment Dexia, renflouée à hauteur de 6 milliards de dollars par la France et la Belgique en 2008, récemment sortie haut la main d'un "stress test" et pourtant sur le flanc.
Ces citoyens qui n'ont plus rien à perdre, s'ils sont chômeurs, ils filent à Pôle Emploi prendre une directrice d'agence en otage comme je l'ai entendu ce matin.
On aurait tort de prendre ces mouvements à la légère, je crois. J'illustrerai mon propos avec cette très belle chanson de Théodore Botrel qui date du tout début du siècle précédent et que le groupe Mes souliers sont rouges a remise en musique il y a quelques années (http://www.youtube.com/watch?v=g-cq1gcXUcc). Elle montre bien que le problème n'est pas neuf. Que ceux qui ne veulent ni l'admettre ni le corriger ne s'étonnent pas un beau jour de se retrouver à la place de la miche de pain.
Pardon, Monsieur le Métayer
Si de nuit je dérange,
Mais je voudrais bien sommeiller
Si de nuit je dérange,
Mais je voudrais bien sommeiller
Mon pauvre ami, la grange est pleine
Du blé de la moisson,
Donne-toi donc plutôt la peine
D'entrer dans la maison !
Quel gâchis vous ferais-je !
Je suis pieds nus, sale et boueux
Et tout couvert de neige !
Mon pauvre ami, quitte bien vite
Tes hardes en lambeaux :
Pouille-moi ce tricot, de suite
Chausse-moi ces sabots !
De tant marcher à l'abandon
J'ai la gorge bien sèche,
Mon bon Monsieur, baillez-moi donc
Un grand verre d'eau fraîche!
L'eau ne vaut rien lorsque l'on tremble,
Le cidre... guère mieux :
Mon bon ami, trinquons ensemble,
Goûte moi ce vin vieux !
Jeté, le long des routes,
Je voudrais avec votre chien
Partager deux, trois croûtes !
Si depuis ce matin tu rôdes,
Tu dois être affamé
Voici du pain, des crêpes chaudes,
Voici du lard fumé !
Ce rôdeur qui ne bouge.
Êtes-vous "Blanc" ? Etes-vous "Bleu" ?
Moi, je suis plutôt "Rouge" !
Qu'importent ces mots République,
Commune ou Royauté :
Ne mêlons pas la politique
Avec la charité !
La mi-nuit étant proche.
Alors, le vagabond sortit
Son couteau de sa poche.
L'ouvrit, le fit luire à la flamme,
Puis, se dressant soudain,
Il planta sa terrible lame
Dans... la miche de pain !
Sans vouloir rien entendre
Oubliant son couteau pointu
Au milieu du Pain tendre:
Vous dormirez en paix, ô Riches !
Vous et vos capitaux,
Tant que les gueux auront des miches
Où planter leurs couteaux !
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