Avec Elastopôle, le caoutchouc c'est relou

Cette semaine j'ai assisté à une présentation du pôle de compétitivité Elastopôle par l'un de ses directeurs. Au "slide" intitulé "les applications des élastomères", nous avons d'abord eu droit à une citation  "le plastique c'est fantastique, le caoutchouc super doux". Voilà qui déjà situait le niveau. En effet, personnellement je trouve Elmer Food Beat plus adapté à une soirée un peu arrosée entre copains qu'à une journée de travail organisée dans un Centre d'Etude et de Recherche.
Après le poids des mots est venu le choc des photos. Si la première représentait des feuilles d'hévéa (arbre que l'on "saigne" pour en recueillir le latex, pour ceux qui sont peu familiers avec la question), la deuxième était tout bonnement celle d'une capote. Je commençai à m'interroger sur les intentions de l'orateur...
Sur la troisième, une prothèse mammaire. Et sur la quatrième une belle paire... de seins.
J'étais indigné et le fis savoir à ma voisine, ex-collègue que je rencontre avec bonheur de temps à autre au hasard des journées de ce type. L'organisateur de celle-ci était à deux sièges du sien, j'espère bien qu'il m'a entendu.
Oui, oui, oui, je suis féministe si cela consiste à trouver scandaleux que des messieurs en costards présentent complaisamment des paires de nichons en gros plan pour présenter un pôle de compétitivité.
Ce brave homme voulait-il tout simplement nous montrer à quoi servait une prothèse, au cas où nous n'aurions pas compris ? Mais en ce cas, tant qu'il y était, il aurait pu nous montrer un sexe masculin en érection, pour illustrer l'utilité d'une capote ? Il aurait dû d'ailleurs, car l'un des participants en la voyant à l'écran avait dit "tiens, une tétine", ce qui prouve qu'il a une mauvaise vue (ou un goût pour la fellation, au choix).
Certes, certains seront horrifiés de ma façon d'évoquer tout ceci. Ils feraient mieux d'être horrifiés de cette vulgarité masculine manifeste dans le monde politique comme dans l'entreprise et qui pousse l'un de mes collègues à me dire en ricanant "les serpillères, c'est bien un truc de femmes ça ?" ou à faire des commentaires sur les jambes des dames qu'il suit dans l'escalier.
Le loup ne comprend pas mon dégoût. Il ne cesse de me dire qu'on ne peut pas réformer deux mille ans de machisme en une génération. Il se trompe sur les causes de mon effroi. Car celui-ci est lié non pas à la lenteur de la progression mais bien plutôt à ce que je vis comme une régression, depuis près de vingt ans que je navigue dans les colloques et conférences techniques et scientifiques en tous genres. Ce n'est pas que la situation ne s'améliore pas assez vite, c'est qu'elle me semble régresser nettement depuis l'époque où j'étais un étudiant. A moins... que je n'aie perdu ma naïveté ?
Finalement, je veux être calife à la place du calife moi aussi, cela me donnera peut-être l'occasion parfaitement exquise de dire à ces sombres crétins "messieurs, mon entreprise et la vôtre ne semblent pas partager les mêmes valeurs, la porte est là : prenez-la donc..."

Commentaires

  1. Oups ! Encore une belle expérience ! Pour une fois, je te suis sur ton impression de régression. Une digue semble avoir lâché. La connerie semble avoir repris le droit de citer comme avant l'élection présidentielle de 2002. Cela ne présage rien de bon... En plus, François Coppée est un poète du 19è qui décrivait fort bien Paris et sa banlieue de l'époque, les bords de Seine, la campagne... on a beaucoup régressé !

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