Après les blaireaux, le croco

Je n'ai pas même pris le temps de vous présenter T., le deuxième numéro de la petite famille de blaireaux qui constitue mon équipe (et qui dit deuxième dit bien sûr qu'il y en a d'autres après), que déjà nous avons vu débarquer un crocodile dans l'open space.
Vous connaissez sans nul doute la définition du crocodile : grande gueule... et petits bras.
Celui-ci est arrivé tout droit de chez l'un de nos deux actionnaires pour prendre la direction de la stratégie, du marketing et de la communication.
Dès notre premier "O2O" (comprenez "one to one" ou encore "entretien" comme cela se disait au précédent millénaire), il m'a demandé si je ne trouverais pas légitime de lui être rattaché avec mon équipe et m'a bien assuré qu'il allait "m'aider" alors même que je ne lui avais rien demandé.
En moins de temps qu'il n'en faut au temps pour changer en Bretagne, il a effectivement élargi son périmètre à la direction commerciale ce qui de facto en fait mon chef. "Par intérim", nous a indiqué le CEO (le "Chief Executive Officer", pour les plus anciens d'entre nous), "en attendant de trouver un nouveau directeur commercial". Mais est-il dans la nature du croco de partager son marigot ? J'en doute à voir comment celui-ci remodèle déjà toute l'organisation à sa convenance.
Venons-en à son "aide". Un bref exemple suffira. Je devais envoyer T. au Japon pour assurer une prestation. Mais T. présente quelques caractéristiques bien à lui qui le font un peu fonctionner comme un clignotant : un coup il marche, un coup il marche pas... Je savais que je prenais un risque, mais quand le service RH fait la sourde oreille pour prendre les décisions qui s'imposent, je considère pour ma part qu'il n'y a pas d'autre façon de dénouer la situation.
Mon croco ne partageant pas mon analyse et la sienne étant évidemment meilleure (sinon il ne serait pas payé si cher) a décrété que non, T. ne partirait pas au Japon. En parallèle, il a mis en demeure notre RH d'expliquer à la médecine du travail que T., en gros, est inapte et ne peut faire un tel voyage... C'est pas faux, comme dit l'autre. Mais en général, c'est la médecine du travail qui en décide, pas l'entreprise. Quant à moi, je devais sans attendre annoncer le changement à T., au commercial en charge du client et à l'éventuel "remplaçant" volontaire désigné d'office. Flairant le coup fumant, j'ai temporisé.
Les jours passant, il faut maintenant s'organiser. J'ai relancé mon croco, lui demandant de me confirmer sa décision.
C'est là que ça devient drôle : la médecine du travail refuse évidemment de se prononcer sur l'aptitude (ou pas) de T. à aller clignoter (ou pas) devant le client japonais. Du coup, que fait le croco ? Et bien il se rappelle soudain qu'il a des petits bras et demande... au CEO de prendre la décision.
Encore un dont on peut dire sans trop se tromper que ce ne sera pas le couteau le plus tranchant du tiroir.

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